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Effet de
différents facteurs culturaux et environnementaux sur la croissance, la rusticité et le
rendement des vignes, dans trois localités au Canada

Résumé
Vingt génotypes de vigne d'origine hybride
diverse ('Chancellor', 'Delisle', 'ES-6-12-28', 'ES 4-7-25', 'GR-7', 'Hibernal',
'Sabrevois', 'Kay Gray', 'Lucie Kuhlmann', 'Michurinetz',
'Okanagan Riesling', 'Prairie
Star', 'St. Croix', 'St. Pepin', 'Seyval noir', 'Seyval blanc', 'SV 18 307'
'Vandal-Cliche' et 'Vidal blanc') et un génotype de vinifera
('Siegerrebe') ont été
évalués en fonction de différentes méthodes de protection hivernale : douze génotypes
rustiques et semi-rustiques ont été soumis à 3 types de traitements, sept génotypes
sensibles ont été soumis à un type de traitement et un seul génotype sensible a reçu
2 types de traitements [vignes sans protection (M1); la moitié des sarments sont fixés
au sol afin de permettre une couverture naturelle par la neige et les autres sarments
demeurent attachés aux treillis métalliques, sans protection (M2); les vignes sont
enlevées du treillis, déposées au sol et couvertes d'une toile géotextile (M3) ou de
terre (M4)], dans trois localités du Québec (Canada) différant par leur type de sol et
leurs conditions microclimatiques. Les effets de ces méthodes sur la production annuelle,
la résistance à l'hiver et la croissance végétative ont été mesurés. Le rendement
de tous les génotypes a été plus élevé à Frelighsburg que dans les deux vignobles
commerciaux : 3 fois plus élevé qu'à L'Orpailleur (Dunham) et 4 fois plus élevé qu'à
Dietrich-Jooss (Iberville). Avec les systèmes de protection M1 et M2, les rendements les
plus élevés ont été obtenus avec les génotypes 'Vandal-Cliche' et 'St. Croix', suivis
de 'ES-4-7-25' et 'St. Pepin'. La méthode de protection M3 s'est révélée la plus
efficace pour certains génotypes semi-rustiques. Avec ce type de protection, le rendement
moyen des génotypes semi-rustiques est demeuré plus élevé (6 kg à L'Orpailleur et 4
kg à Dietrich-Jooss) que celui des génotypes rustiques (3 kg à L'Orpailleur, et 1,7 kg
à Dietrich-Jooss) (2000). Le rendement des génotypes 'Seyval noir', 'Seyval blanc',
'Chancellor', 'Vandal-Cliche' et 'ES-4-7-25' soumis au traitement M3 a dépassé les 20
kg. La méthode de protection M4 n'a pas été efficace pour le 'Seyval blanc',
entraînant un rendement et une vigueur moindres ainsi qu'une mortalité accrue. À
Frelighsburg, on a observé des taux de survie des bourgeons plus élevés chez les
génotypes rustiques tels que 'Sabrevois', 'St. Croix', 'Kay Gray', 'Vandal-Cliche', 'St.
Pepin' et 'Michurinetz' avec tous les types de protection. Dans les vignobles commerciaux,
on a observé une mortalité des bourgeons supérieure à 50 % chez les génotypes
semi-rustiques 'ES-6-12-28', 'GR7' et 'Lucie Kuhlman', et une mortalité encore plus
élevée chez les génotypes sensibles 'Siegerrebe', 'Vidal blanc' et 'SV-18-307'. La
vigueur maximale a été observée chez les cultivars rustiques et modérément rustiques;
les cultivars sensibles ont été moins vigoureux, dans les trois localités et au cours
des deux années de l'étude. La localité est le facteur qui a le plus influé sur le
rendement et la mortalité. La meilleure performance a été observée à
Frelighsburg,
sans doute en raison de la pente légère orientée vers le sud, du sol sablonneux très
bien drainé et de l'excellente couverture de neige à cet endroit.
Mots clés. Vitis sp.,
rusticité, protection contre le froid, rendement des vignes, composition du jus.
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- Introduction
Les basses températures hivernales constituent
le principal facteur environnemental limitant la productivité des vignobles au Québec
(Dubois et Deshaies, 1997). La plupart des vignobles commerciaux du Québec sont situés
entre les 45e et 47e degrés de latitude nord, où les températures hivernales minimales
atteignent régulièrement les -30 °C, parfois même les -35 à 45 °C (Jolivet et al.,
1999). Dans de telles conditions extrêmes, les dommages causés par le froid surviennent
non seulement au milieu de l'hiver, mais aussi vers la fin de l'automne, avant que les
vignes ne soient complètement acclimatées, ou tard au printemps, lorsque la sève s'est
remise à circuler. Les gelées d'automne peuvent causer une défoliation prématurée,
limiter le cycle végétatif normal et rendre la récolte difficile (Galet, 1993).
D'importantes pertes de rendement ont également été attribuées aux gelées
printanières tardives qui peuvent, aux températures de 2 °C à -4 °C (Dereudre et al.,
1993), causer des dommages irréversibles aux bourgeons primaires et secondaires. Ces
contraintes obligent les viticulteurs à utiliser des cultivars à cycle court, adaptés
au froid et dont la composition des fruits et le rendement sont acceptables pour la
production commerciale. La tolérance au froid de nombreuses espèces végétales a été
abondamment examinée et étudiée (Weiser, 1970; Stergio et Howell, 1977;
Levitt, 1980;
Fowler et al., 1981; Gusta et al., 1982; Sakai et Larcher, 1987; Khanizadeh et al., 1989a;
Khanizadeh et al., 1989b; Khanizadeh et al., 1992; Reisch et al., 1993; Khanizadeh et al.,
1994; Rioux et al., 2000; Richer et Rioux, 2001). Les dommages causés par l'hiver peuvent
toucher toutes les parties de la vigne, tels les bourgeons, les sarments, les troncs et
même les racines. Les différences dans la résistance au froid des divers génotypes de
vigne, l'effet de l'emplacement sur l'acclimatation et la désacclimatation
(Stergio et Howell, 1977), la survie des bourgeons à fruits (Clore et al., 1974; Pierquet et
Stushnoff, 1980; Wolf et Cook, 1994; Clark et Watson, 1998) et la productivité (Wolf et
Warren, 2000; Wolf et Miller, 2001) ont été étudiés à fond. En outre, plusieurs
programmes de recherche actuellement en cours visent à améliorer la rusticité des
vignes et la qualité du vin (Reisch et al., 1993; Hemstad et Luby, 2000; Fisher et
Jamieson, 2000; Gal, 2000) ou encore à adapter les techniques de manière à réduire au
minimum les dommages causés par l'hiver, au moyen d'un emplacement approprié, de
pratiques culturales adéquates (comme l'irrigation), de la modification du microclimat,
de l'utilisation de porte-greffes et de l'application de produits chimiques pour
accroître la rusticité (Ahmedullah, 1985; Frances et al., 1974; Jolivet et Dubois, 2000;
Stushnoff et Hamman, 2002). Le bourgeon dormant est habituellement considéré comme la
partie de la vigne mature la plus sensible au froid et il subit souvent des dommages,
alors que d'autres tissus de la vigne survivent aux mêmes conditions (Ahmedullah, 1985;
Quamme, 1986; Clark et Watson, 1998; Jolivet et al., 1999). Plusieurs études ont montré
que les tissus des bourgeons et des sarments de la vigne peuvent bénéficier d'un état
de surfusion qui leur permet de tolérer les gelées (Pierquet et Stushnoff, 1980;
Quamme,
1986). Chez les cultivars qui résistent normalement au froid, les cellules peuvent
retirer une partie de l'eau interstitielle et modifier leurs structures moléculaires, ce
qui évite la formation de cristaux de glace (Pierquet et al., 1977; Audran et al., 1993;
Wolf et Cook, 1994). D'autres études ont montré que la survie hivernale des bourgeons et
des pousses de vigne est associée au régime hydrique ayant cours de janvier à mars
(Skorokhod, 1975). La résistance au gel s'accroît également avec l'importance de la
rétention d'eau et notamment avec la capacité de maintenir l'eau sous forme liquide
malgré des températures très basses (Pogosyan, 1975). Des différences significatives
dans la résistance au froid ont été observées parmi les espèces du genre Vitis et
parmi les cultivars de chacune des espèces de ce genre. La tolérance au froid des
bourgeons de nombreux hybrides se situe entre 15 °C et 35 °C (Vandal, 1986; Galet,
1988), mais presque toutes les variétés de Vitis vinifera L. sont quelque peu
endommagées lorsqu'elles sont exposées à des températures de 15 °C à 20 °C (Galet,
1993). Les hybrides rustiques issus du Vitis riparia Michx. ou du Vitis amurensis Rupr
peuvent tolérer des températures de 35 ou 40 °C, respectivement, sans perdre leur
capacité de produire des fruits de qualité convenable (Vandal, 1986;
Ahmedullah, 1985).
Pour éviter les pertes annuelles imputables aux dommages hivernaux, une pratique viticole
courante consiste à enfouir les vignes sous 20 à 50 cm de terre (buttage), tard à
l'automne, la quantité de terre variant selon la couverture de neige (Skorokhod, 1975;
Vandal, 1986; Dubois et Dehaies, 1997). Cette méthode est couramment utilisée dans les
régions au climat froid, comme l'Europe continentale, le nord de la Chine, le Minnesota
et le Québec. Cependant, l'efficacité du buttage des vignes varie considérablement.
Skorokhod (1975) a constaté que la survie des bourgeons était meilleure lorsque les
vignes étaient couvertes avec 40 cm de terre, et Prostitova (1977) a constaté que dans
la région de Stavropol (en Russie) la survie des bourgeons primaires, chez les vignes non
protégées était de seulement 6 15 % lors des hivers rudes. En Moldavie, Kondo et al.
(1972) ont constaté qu'au cours d'un hiver normal, le buttage des vignes permettait de
réduire les dommages causés par l'hiver aux cultivars sensibles au gel, mais augmentait
les dommages causés aux variétés résistantes au gel. Cette pratique est très
dispendieuse et nécessite beaucoup de temps, surtout au début du printemps, quand il
faut enlever la terre ajoutée. De plus, le buttage cause des dommages aux sarments,
accroît la probabilité de maladies des sarments, retarde le débourrement et accroît
l'érosion du sol lorsqu'il n'y a aucune culture de couverture entre les rangs
(Pierquet
et al., 1977; Vandal, 1986; Jolivet et Dubois, 2000). En Russie, Stetsenko (1978) a
constaté que la survie à l'hiver était bonne et que les rendements pouvaient être
accrus de 200 %, même dans les régions les plus froides, lorsque l'on avait recours à
des toiles de polyéthylène et à de la paille (1 3 kg), au lieu du buttage. Bordelon et
al. (1997a) ont comparé l'utilisation d'un revêtement en polyéthylène à alvéoles
fermées (PE) à celle d'une couverture de paille pour les vignes à Lafayette (Indiana,
dans le centre des É. U.); avec le PE, la survie des bourgeons primaires était de 80 à
92 % en moyenne, comparativement à 53 à 55 % avec la paille. Lorsqu'ils ont étudié
l'efficacité de deux matériaux pour couvrir et protéger les vignes contre les gelées
printanières tardives au Québec, Jolivet et al. (1999) ont montré que les cônes de
polystyrène sont meilleurs que la toile géotextile et permettent de maintenir la
température moyenne des sarments à 1,7 °C de plus que la toile géotextile utilisée
seule. De plus, au mois de mai, la température des sarments sous la toile géotextile
était de 1,5 °C de moins que celle des sarments non protégés. Comme la couverture de
neige isole les vignes de l'air froid, elle permet également de réduire les dommages
causés par le froid. Lavoie (1971) a montré que le rendement de bleuets cultivés
étaient 1,2 fois plus élevé, par rapport aux témoins non protégés, lorsque la
couverture de neige était de 15 cm, et 4,3 fois plus élevé lorsqu'elle atteignait 30
cm. Jolivet et al. (1998) ont constaté que la température au point de greffe d'une vigne
'Muscadet Melon' était de -1 °C sous 40 cm de neige par rapport à -26 °C lorsque la
plante était exposée à l'air. Ainsi, pour assurer une production annuelle stable dans
les vignobles commerciaux du Québec et d'autres régions nordiques, il faut avoir recours
à des cultivars résistants au froid et protéger les cultivars semi-rustiques et non
rustiques au moyen de neige, de terre ou de toiles. Malgré le nombre croissant de
vignobles au Québec, aucune évaluation n'a encore été faite des cultivars de vigne
couramment utilisés au Québec, et aucune étude n'a été réalisée sur leurs
réactions à différentes pratiques culturales.
La présente étude visait à :
1) évaluer la survie hivernale de 20 génotypes dignes d'intérêt pour l'industrie
viticole de l'est du Canada et
2) déterminer les effets des facteurs environnementaux et des pratiques culturales sur la
rusticité de la plante ainsi que sur la croissance des organes végétatifs et
reproducteurs.
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-
- Matériel
et méthodes
Matériel
végétal et localités
La présente étude a porté sur 20 génotypes de vigne non greffés, dont divers hybrides
interspécifiques et un Vitis vinifera (tableau 1), plantés en
1998. Ces génotypes avait déjà été classifiés comme rustiques, semi-rustiques ou
sensibles (Reisch et al., 1979; Odneal, 1983; Bordelon et al., 1997b; Dubois et
Deshaies,
1997; Plocher et Parke, 2001). Trois localités différentes présentant des conditions de
sol et de microclimat différentes ont été choisies : 1) La station de recherche
d'Agriculture et Agroalimentaire Canada à Frelighsburg, au Québec (45o de latitude nord,
72o de longitude ouest, altitude de 205 m) où le sol, au pH de 6,0, est un loam sableux
contenant des cailloux et du gravier. Le terrain est en pente, ce qui assure un excellent
drainage de l'air froid, et comporte un brise-vent au sud. 2) Le vignoble commercial
L'Orpailleur, situé à Dunham, au Québec (45o de latitude nord, 72o de longitude ouest,
altitude de 125 m) où le sol est un podzol schisteux au pH naturel de 4,9 5,3 (augmenté
à 6,2 dans les 15 premiers centimètres, à l'aide de chaux). Ce vignoble est situé sur
un terrain plat entouré de boisés, ce qui favorise l'accumulation d'air froid. 3) Le
vignoble commercial Dietrich-Jooss, situé à Iberville, au Québec (45o de latitude nord,
73o de longitude ouest, altitude de 43 m) avec un loam sableux pierreux, au pH de 6,6. Ce
vignoble est également situé en terrain plat, mais il ne comporte aucun brise-vent.
Protocole
expérimental et aménagement des parcelles
Les trois essais ont été effectués selon un dispositif en parcelles subdivisées, en
blocs aléatoires complets non équilibrés. Chaque grande parcelle correspondait à une
méthode de protection hivernale, tandis que chaque sous-parcelle correspondait à un
génotype. Il y avait quatre répétitions (blocs), et chacune comprenait 5 vignes
espacées de 1,5 m sur le rang; les rangs étaient espacés de 3 m. Les trois vignes
centrales de chaque répétition ont été utilisées pour la collecte des données, les
autres servant de vignes de protection. Le système de soutien était constitué de quatre
fils horizontaux fixés à des poteaux de cèdre de 1,8 m à des hauteurs de 45 cm, 80 cm,
125 cm et 175 cm. L'émondage a été fait en fonction des types de protection hivernale
utilisés dans chaque vignoble. Les génotypes rustiques et semi-rustiques ont été
fixés à un système de palissage " Mini-J-Style ", tandis que les génotypes
sensibles ont été fixés à un système de palissage en éventail. Les sarments de tous
les génotypes ont été émondés, et toutes les vignes présentaient plusieurs troncs.
Les répétitions de génotypes étaient disposées de façon aléatoire pour chacune des
quatre méthodes de protection hivernale. Les quatre méthodes de protection hivernale
utilisées étaient les suivantes : Méthode 1 (M1) : Les sarments ont été laissés
fixés au treillis sans aucune protection hivernale. Seuls des génotypes rustiques et
semi-rustiques ont subi ce traitement. Méthode 2 (M2) : La moitié des sarments ont été
fixés au sol, afin qu'ils soient couverts de neige pendant l'hiver. Les autres sarments
ont été laissés fixés au treillis sans protection. Seuls des génotypes rustiques et
semi-rustiques ont subi ce traitement. Méthode 3 (M3) : Tous les sarments ont été
enlevés du treillis, déposés au sol et couverts d'une toile géotextile (polyester,
Arbotex Plast 0100 2,00 X 50 m, Canada). Cette méthode a été utilisée pour les
génotypes rustiques, semi-rustiques et sensibles. Méthode 4 (M4) : Tous les sarments ont
été enfouis sous 0,35 m de terre prélevée entre les rangs. Cette méthode n'a été
utilisée que pour le 'Seyval blanc', le génotype le plus courant au Québec. Parmi les
20 génotypes de vignes, 12 (rustiques et semi-rustiques) ont reçu trois de ces
traitements, 7 (sensibles) ont reçu un traitement et un seul génotype a reçu deux
traitements. Toutes les méthodes de protection hivernale ont été appliquées tard à
l'automne, après que les vignes eurent aoûté et alors que les températures diurnes et
nocturnes se situaient aux alentours de 0 C, pour éviter l'étiolement des plantes et une
croissance continue.
Mesure de la
température
Les mesures de température ont été effectuées au cours des hivers 1999 2000 et 2000
2001 dans les trois localités. Les données ont été notées toutes les six heures au
moyen d'une sonde de température branchée à un capteur de température extérieure Hobo
(H08 002 02, Onset Computer Corporation, Bourne, MA). Les capteurs de température
étaient placés à différents endroits selon la méthode de protection utilisée. Pour
les 4 méthodes de protection, un capteur de température était fixé au 2e fil du
treillis, soit à environ 80 cm du sol, et permettait de mesurer la température de l'air
ambiant. Pour le traitement M2, une deuxième sonde a été fixée à un sarment à
environ 5 cm au-dessus du sol; pour le traitement M3, une deuxième sonde a été fixée
à un sarment, sous la toile géotextile, à environ 2,5 cm du sol; pour le traitement M4,
une deuxième sonde a été fixée à un sarment, à 25 30 cm environ sous la surface de
la butte.
Évaluations
La rusticité a été évaluée avant l'émondage, au moment du débourrement, le
printemps suivant. La mortalité a été évaluée à l'il, au printemps, et notée
en termes de pourcentage de nuds sans pousses. La vigueur des vignes a été
évaluée en termes de longueur et de densité des nouvelles pousses, mesurées au moyen
de cotes au mois de juillet de chaque saison de croissance selon le système suivant : 1 =
non vigoureuse, 2 = peu vigoureuse, 3 = moyennement vigoureuse, 4 = vigoureuse et 5 =
très vigoureuse. Le rendement a été déterminé en termes de poids total des fruits des
trois vignes centrales occupant 4,5 m de rang. Le poids des grappes et des grains a
également été calculé, au moyen de 5 grappes et de 50 grains de raisin prélevés au
hasard sur chacune des trois vignes de chaque répétition, mais seulement à
Frelighsburg. Un réfractomètre numérique (Abbe Mark II, Baxter Division,
Canlab,
Canada) a été utilisé pour mesurer la concentration des solides solubles
(CSS). Pour
déterminer l'acidité totale (AT), on a titré un échantillon de jus de 5 mL avec du
NaOH 0,1 N à un pH de 8,1 (665 Dosimat, Metrohm Ltd., Suisse). La CSS et l'AT n'ont été
mesurées qu'à Frelighsburg, et ce, uniquement pour le traitement M3. Les fruits ont
été récoltés quand la composition du jus atteignait les valeurs voulues pour la
vinification commerciale.
Analyse
statistique
Les données ont été analysées par la méthode SAS (SAS, 1989), au moyen d'un modèle
en parcelles subdivisées, avec blocs complets aléatoires non équilibrés. Les tests de
séparation et de comparaison des moyennes ont été faits au moyen de la p.p.d.s.
L'analyse de la variance a été effectuée au moyen des données de pourcentage de
mortalité des bourgeons transformées en arc sin. Nous avons comparé des groupes
spécifiques de génotypes (rustiques, semi-rustiques et sensibles) traités avec la
méthode de protection M3 au moyen des contrastes orthogonaux.
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Résultats
Les températures maximales et minimales
moyennes enregistrées de novembre à avril au cours de la période d'essai sont
présentées dans le tableau 2. Selon les températures
enregistrées dans les trois localités, l'hiver 2000-2001 a été plus froid que l'hiver
1999-2000. Les températures maximales et minimales moyennes variaient selon les méthodes
de protection hivernale utilisées. Au cours des hivers 1999-2000 et 2000-2001, on a noté
des températures maximales moyennes plus élevées pour les méthodes M3 et M2 (dans
l'ordre) que pour la méthode M4. Par contre, la température minimale moyenne la plus
faible a été enregistrée avec la méthode M2 ( tableau 2).
Les températures hivernales minimales absolues ont, en général, été beaucoup plus
basses que 0 °C et ont varié selon le type de protection hivernale et la localité.
Comme l'indique le tableau 2, le minimum le plus faible a
été enregistré au vignoble L'Orpailleur, sur le deuxième fil métallique, avec la
méthode M1 ( 33,7 et 32,5 °C), au cours des deux périodes de l'étude. En raison de
l'important effectif de chacune des expériences et de la durée limitée de la période
de récolte (risque de gel), il n'a pas été possible de recueillir des données
concernant le poids des grains et des grappes pour les trois localités. Par conséquent,
le poids des grains et des grappes n'a été mesuré qu'à Frelighsburg, pour les quatre
méthodes de traitement et les 20 génotypes (tableau 4). En
2000, le rendement total des 20 génotypes a été évalué pour les trois localités,
tandis qu'en 2001, il n'a été évalué que pour Frelighsburg et L'Orpailleur. Les
résultats des deux vignobles commerciaux n'ont pas été comparés à ceux de
Frelighsburg, puisque la qualité du sol et le microclimat sont complètement différents
à cet endroit.
Rendement de 12
génotypes rustiques et semi-rustiques soumis aux traitements M1, M2 et M3 Frelighsburg
Pour un même traitement, on constate des différences significatives dans le rendement
total des génotypes, et pour ce qui est du rendement et de la vigueur, on note une
interaction significative entre le cultivar et le traitement qui laisse supposer que les
génotypes de vignes réagissent différemment aux diverses méthodes de protection
hivernale (tableau 3). Le tableau 4
montre l'effet des différentes méthodes de protection hivernale sur le rendement total
de chaque génotype. En 2000 et en 2001, le rendement total de chacun des génotypes
cultivés à Frelighsburg a été 3 et 4 fois plus élevé que celui observé dans les
vignobles commerciaux L'Orpailleur et Dietrich-Jooss, respectivement. Parmi les génotypes
chez lesquels on a observé les meilleurs rendements en 2000, on trouve le 'Vandal-Cliche'
(30,4 kg avec la M1, 27,8 kg avec la M2 et 21,1 kg avec la M3) et le 'St. Croix' (17,4,
14,1 et 14,4 kg avec les M1, M2 et M3, respectivement). Le rendement le plus faible a
été observé chez le 'Prairie Star' : 5,4 kg avec la M1 et 3,9 kg avec la M2, en 2000,
et 3,6 kg avec la M1 et 4,0 kg avec la M2, en 2001.. Un des éléments intéressants des
données de 2000 est que les génotypes semi-rustiques 'ES 6 12 28' et 'Lucie Kuhlmann'
ont donné de bien meilleurs rendements, sous couvert de toile géotextile, que certains
génotypes rustiques ('St. Pepin' et 'Kay Gray') qui ont connu une diminution du rendement
total avec les traitements M2 et M3 comparativement à celui observé avec le traitement
M1 (tableaux 4-6). En 2001, les
rendements relatifs se répartissaient de manière différente. Avec la méthode M1, le
rendement a été plus élevé chez les génotypes 'Vandal-Cliche' (12,2 kg), 'ES 4 7 25'
(12,1 kg), 'Sabrevois' (10,2 kg) et 'ES 6 12 28' (10,0 kg) que chez le 'Prairie Star' et
le 'GR 7', qui ont donné un rendement de 3,6 kg. En 2001, le rendement total a été 2
fois plus élevé chez 'Vandal-Cliche' et 'ES 6 12 28', et 3 fois plus élevé chez 'GR 7'
et 'Lucie Kuhlmann' avec la M3, qu'avec la M1 (tableaux 4-6). À
Frelighsburg, les plus hauts taux de survie globale des
bourgeons ont été observés chez les sélections manifestant déjà des taux élevés de
résistance au froid, comme les génotypes 'Sabrevois', 'St. Croix' et 'Kay Gray'
(mortalité 15 %), suivies des 'Vandal-Cliche', 'St. Pepin', 'Michurinetz' et 'GR 7'
(entre 15 et 25 %), avec les méthodes de protection M1, M2 et M3 (tableau
7). À l'inverse, on a observé une mortalité des bourgeons supérieure chez 'Lucie
Kuhlmann' (>30 %) avec la méthode M1 en 2000, tandis qu'en 2001, c'est chez 'Delisle'
qu'on a observé le plus haut taux de mortalité des bourgeons ( 30 %), avec les méthodes
M2 et M3 (tableaux 6-7). En 2000, la
vigueur la plus grande a été observée chez le génotype rustique 'St. Croix' et les
semi-rustiques 'GR-7' 'Lucie Kuhlmann' suivis de 'Kay Gray' pour les trois traitements. En
2001, presque tous les génotypes ont manifesté une vigueur accrue avec le traitement M3,
comparativement aux traitements M1 et M2 (tableaux 3-8).
Vignobles
commerciaux
Des effets significatifs liés aux cultivars et aux traitements ont été observés pour
tous les paramètres mesurés et on a constaté une interaction significative entre le
cultivar et le traitement en ce qui concerne le rendement total, la mortalité des
bourgeons et la vigueur, sauf au vignoble Dietrich-Jooss où aucun effet de traitement ni
d'interaction n'ont été observés pour la vigueur. Dans l'ensemble, au vignoble
commercial L'Orpailleur, tous les génotypes semi-rustiques et certains génotypes
rustiques comme 'Michurinetz', 'St. Croix', 'St. Pepin' et 'Delisle' ont donné un
rendement total plus élevé avec la méthode M3 (toile géotextile) qu'avec la M2 (une
moitié des sarments fixés au treillis et le reste, rabattus au sol et couverts de neige)
ou la M1 (sans protection) (tableaux 3,
4 et 5). En 2000, 'ES-4-7-25' a donné un meilleur
rendement avec M2 qu'avec M1 ou M3. Toujours en 2000, avec la M1, 'Vandal-Cliche' a eu le
meilleur rendement (7,2 kg) sans aucune protection, tandis que le rendement des autres
génotypes a varié de 0,25 à 3,40 kg. Avec le traitement M2, le rendement le plus
élevé a été observé chez 'ES-4-7-25', avec 5,75 kg. En 2001, 'ES-4-7-25' a encore une
fois donné le rendement le plus élevé avec les traitements M1 et M2. Avec le traitement
M3, le rendement des génotypes a varié de 2,4 à 10,93 kg, le plus faible ayant été
observé chez 'Prairie Star' et le plus élevé, chez 'ES-4-7-25'. Au vignoble
Dietrich-Jooss, seules les données concernant les rendements de l'année 2000 étaient
disponibles. Avec la M3, les génotypes semi-rustiques 'GR 7' et 'Lucie Kuhlmann' ont
donné de meilleurs rendements que tous les génotypes rustiques (tableau
4). Il est intéressant de noter que le traitement M2 a été plus efficace au
vignoble Dietrich-Jooss pour les génotypes semi-rustiques 'GR-7' et 'ES-6-12-28', qui ont
eu des rendements supérieurs à ceux obtenus avec les M1 et M3 (tableaux 5 et 6). Quant aux autres génotypes,
aucune différence significative n'a été relevée entre les traitements.
Nous avons constaté d'importantes variations dans la mortalité parmi les génotypes,
dans chacune des localités. Avec le traitement M1, les génotypes semi-rustiques 'ES 6 12
28', 'GR 7' et 'Lucie Kuhlmann' ont subi plus de dommages causés par le froid que les
génotypes rustiques et la mortalité a aussi été plus élevée ( 70 %) chez ces
génotypes semi-rustiques. Comme prévu, les génotypes rustiques ont été relativement
peu touchés, mais on note une mortalité plus faible avec le traitement M3 qu'avec les
traitements M1 et M2; au vignoble Dietrich-Jooss, ce sont les génotypes 'Sabrevois',
Mitchurinetz' et 'St. Croix' qui ont été les moins touchés et qui ont présenté une
mortalité plus faible avec M3 qu'avec M1 (tableaux 5 et 6). Bien que les conditions locales de Frelighsburg soient
différentes de celles du vignoble commercial L'Orpailleur, le génotype 'St. Croix' y a
aussi manifesté la plus grande vigueur, et ce, pour les trois traitements, suivi des
génotypes 'ES-4-7-25' et 'Sabrevois', avec le traitement M2, et des génotypes
semi-rustiques, avec le traitement M3. Au vignoble Dietrich-Jooss, tous les génotypes ont
manifesté une vigueur faible à intermédiaire, le moyennes variant de 2,2 à 3,6 avec le
traitement M1, de 2,5 à 4,2 avec le M2 et de 2 à 3,8 avec le traitement M3 (tableau 7).
Rendement de
chacun des vingt génotypes avec le traitement M3
Des différences significatives dans le rendement total, le taux de mortalité et la
vigueur ont été observées entre les cultivars (P<0,0001 à P=0,0014). En 2000, le
rendement a varié de 0,4 à 21,1 kg parmi les génotypes, le rendement le plus élevé
ayant été observé chez 'Vandal-Cliche' et le plus faible, chez 'SV-18-307', à
Frelighsburg. Cependant, en 2001, les génotypes 'Seyval noir', 'Seyval blanc' et
'Chancellor' suivis de près par 'Vandal-Cliche' et 'ES-4-7-25' ont donné des rendements
pouvant excéder les 20 kg (tableau 4). Les rendements les plus
faibles ont été observés chez 'Delisle', 'Prairie Star' et 'Michurinetz', avec 9 kg ou
moins, et tous les autres génotypes ont été intermédiaires, leur rendement total
variant entre 10,7 et 18,8 kg (tableau 4). Au vignoble
commercial L'Orpailleur, les rendements les plus élevés ont été observés chez
'ES-6-12-28', 'Lucie Kuhlmann' et 'Vandal-Cliche', en 2000, et chez 'SV-18-307' et
'ES-4-7-25', en 2001. Les génotypes les moins productifs ont été 'Siegerrebe' et
'Prairie Star' , avec des rendements inférieurs à 2,5 kg. À
Dietrich-Jooss, 'GR-7',
'Lucie Kuhlmann' et 'Seyval blanc' ont eu les rendements les plus élevés ( 5 kg) et
'Siegerrebe' et 'Prairie Star', les moins élevés (=0,5 kg).
Les contrastes orthogonaux ont révélé des différences significatives entre les groupes
de génotypes rustiques et semi-rustiques (R et S-R) en ce qui a trait au rendement dans
les deux vignobles commerciaux. Ainsi, au vignoble L'Orpailleur, en ce qui concerne les
dommages subis par les bourgeons, la méthode M3 a été plus efficace pour le groupe des
génotypes semi-rustiques que pour le groupe des génotypes rustiques (tableaux 4-8). À
Frelighsburg, aucun contraste
significatif n'a été observé pour le rendement ni pour la mortalité des bourgeons,
mais il s'est révélé significatif pour la vigueur, indiquant que le groupe des
génotypes semi-rustiques a été plus vigoureux que le groupe des génotypes rustiques
(tableaux 7-8). On a observé des
contrastes significatifs entre le groupe des génotypes rustiques et semi-rustiques et le
groupe des génotypes sensibles (R et S-R par rapport à S) pour le rendement, la
mortalité et la vigueur à Frelighsburg, mais ces contrastes n'étaient pas significatifs
pour le rendement à L'Orpailleur en 2001, ni à Dietrich-Jooss (tableau
8). L'année 2000 est associée à une production élevée, une faible quantité de
dommages subis par les bourgeons, et une vigueur élevée pour le groupe des génotypes
rustiques et semi-rustiques, dans la localité de Frelighsburg et au vignoble
L'Orpailleur. En revanche, la saison de croissance 2001 s'est avérée plus productive
pour les génotypes sensibles, bien que le taux de mortalité des bourgeons ait été
relativement supérieur et que la vigueur ait été moindre que dans le groupe des
génotypes rustiques et semi-rustiques.
Rendement du 'Seyval blanc' avec le traitement M4
Les seules différences significatives entre les méthodes de protection hivernale M3 et
M4 ont été notées en 2001, pour le rendement, la mortalité et la vigueur, à
Frelighsburg et au vignoble L'Orpailleur (tableau 9). Le
traitement M4 ne semble pas efficace et les rendements du 'Seyval blanc' ont été faibles
comparativement à ceux observés avec la méthode M3 de protection hivernale. En 2001,
chez le 'Seyval blanc', le rendement avec le traitement M3 a été deux fois plus élevé
que celui obtenu avec le M4 (7,01 et 3,5 kg), à L'Orpailleur, et la différence a été
plus importante encore à Frelighsburg (26,6, avec M3, et 7,4 kg, avec M4). C'est sous la
toile géotextile que le 'Seyval blanc' a manifesté la vigueur la plus faible et subi le
plus de dommages, avec un taux de mortalité de 90 %.
Grain, grappe et
composition du fruit
Nous n'avons observé aucun effet significatif de la protection hivernale sur le poids des
grains et des grappes; cependant, pour chaque méthode de protection, on a constaté des
différences significatives entre les génotypes (tableau 3).
Le poids des grains le plus élevé a été observé chez le génotype rustique 'Kay Gray'
au cours des deux saisons, tandis que les poids les plus faibles ont été observés chez
les génotypes semi-rustiques 'GR 7' et 'Lucie Kuhlmann' (tableau
10). Les plus grosses grappes ont été observées chez le 'Seyval blanc' (> 240 g)
avec la méthode M3, suivies de grappes de 200 g ou moins ('Seyval noir', 'SV-18-307',
'Vidal blanc' et 'Chancellor'). Les génotypes rustiques 'ES 4 7 25', 'St.
Pepin', 'Vandal-Cliche' et 'St. Croix' présentaient des grappes de grosseur moyenne (entre 100 et
150 g) avec les méthodes M1 et M2 (tableau 10). À l'inverse,
les valeurs les plus faibles ont été constatées chez le génotype 'Delisle' (< 70 g)
avec les trois méthodes au cours des deux années. Des différences significatives dans
la composition du jus (CSS et AT) ont été observées parmi les génotypes pour chaque
saison de croissance (P 0,001). La CSS a varié de 15 à 20,4 °Brix en 2000 et de 13,0 à
20,5 °Brix en 2001, et l'acidité totale (AT) de 9,20 à 18,9 g/L en 2000 et de 5,9 à
16,1 g/L en 2001 (tableau 10). En 2000, les plus hautes CSS
ont été observées chez les génotypes 'GR-7' (22,4 °Brix) et 'Michurinetz' (20,4
°Brix), tandis que les génotypes 'Kay Gray' et 'Vandal-Cliche' ont présenté les CSS
les plus faibles (15 °Brix). À l'instar des CSS, la plus haute valeur d'AT a été
observée chez le génotype 'Michurinetz' (18,9 g/L), et les plus faibles, chez 'ES 4 7
25' (9,2 g/L) et 'Delisle' (9,9 g/L). En 2001, les hybrides américains 'Prairie Star' et
'St. Pepin' ont présenté des CSS plus élevées (20 et 20,5 °Brix, respectivement) que
les génotypes 'Hibernal' (13,0 °Brix) et 'Seyval noir' (15,0 °Brix). C'est le génotype
'Kay Gray' qui a présenté l'AT la plus faible (5,9 g/L) suivi du 'Siegerrebe' (6,8 g/L);
les valeurs d'AT les plus élevées ont été observées chez 'Michurinetz' (16,1 g/L) et
'Lucie Kuhlmann' (15,9 g/L).

Discussion
Les 20 génotypes de vigne ont réagi différemment aux
méthodes de protection hivernale de même qu'aux lieux d'essai. Le poids moyen des grains
et des grappes n'a pas varié de manière significative en fonction de la protection
hivernale, ce qui signifie que les rendements faibles s'expliqueraient par un nombre
réduit de grappes et non par une réduction de la taille des grains (données non
présentées). En ce qui concerne le rendement total, les génotypes 'Sabrevois', 'Prairie
Star' et 'Delisle', suivis de 'Michurinetz', St. Croix' et 'St. Pepin' semblent
relativement indifférents à la méthode de protection hivernale utilisée, leur
rendement total s'étant révélé plus ou moins stable, ce qui illustre leur potentiel
génétique pour les régions froides telles que celles des lieux d'essai. Cependant, à
Frelighsburg, certains génotypes semi-rustiques ont produit beaucoup plus quand ils
avaient été couverts de neige (M2) ou d'une toile géotextile (M3) que certains
génotypes rustiques, qui ont eu, avec ces mêmes protections, des rendements moindres
qu'avec le traitement M1; Kondo et al. (1972), avaient d'ailleurs obtenu des résultats
semblables. Dans un vignoble de Sherbrooke, au Québec, Jolivet et al. (1998) ont observé
une différence de 20 °C entre la température d'une vigne couverte de neige et celle de
l'air ambiant. Dans la présente étude, les rendements totaux obtenus à Frelighsburg
étaient beaucoup plus élevés que ceux obtenus dans les deux vignobles commerciaux.
Outre la méthode de protection hivernale, le lieu d'essai a été le facteur le plus
important à influer sur la mortalité et le rendement total des vignes; il a eu plus
d'effet d'ailleurs que les diverses méthodes de protection. D'après Sayed (1992), le
choix du terrain demeure le facteur le plus important lorsqu'on veut réduire au minimum
l'effet du climat et maximiser les effets modérateurs ou microclimatiques. Des
observations semblables concernant la mortalité du pommier dans différentes localités
du Québec ont déjà été signalées (Khanizadeh et al., 1989b; Khanizadeh et al.,
1992). Les vignobles L'Orpailleur et Dietrich-Jooss sont caractérisés par des terrains
bas et plats, avec de faibles accumulations de neige. À Frelighsburg, le terrain est plus
élevé, et les vignes sont plantées sur une pente légère orientée vers le sud, ce qui
permet un bon drainage de l'air froid. De plus, un brise-vent situé à proximité permet
de réduire l'effet des vents froids pendant l'hiver et d'accroître ainsi la chaleur
procurée par l'orientation sud. La présente étude montre que la méthode de protection
hivernale M3 s'est avérée plus efficace que les méthodes M1 et M2 pour certains des
génotypes semi-rustiques au cours des deux années, et plus encore à Frelighsburg qu'aux
vignobles L'Orpailleur et Dietrich-Jooss. Le rendement total de ces génotypes
semi-rustiques ('ES-6-12-28', 'GR-7' et 'Lucie Kuhlmann') a été supérieur à celui de
certains génotypes rustiques protégés ou non pendant l'hiver. Bien que le 'ES 4 7 25'
soit classifié comme rustique, son rendement total avec la méthode de protection M3 a
été supérieur à celui de 'Prairie Star' ou de 'Michurinetz'. Étonnamment, à
Frelighsburg et à L'Orpailleur, la méthode M4 (buttage) n'a pas donné de bons
résultats avec le 'Seyval blanc', et le rendement de ce cultivar a été plus faible avec
ce traitement qu'avec le traitement M3. Malgré que les températures étaient moins
froides sous la terre, les piètres résultats obtenus ici pourraient s'expliquer par
d'autres problèmes liés au buttage (pourriture, champignons et humidité). Toutefois,
Stetsenko (1978) a signalé qu'une couverture constituée de toiles de polyéthylène et
de paille améliore la survie pendant l'hiver, même dans les zones les plus froides, et
que les vignes ainsi protégées peuvent donner des rendements de 200 % supérieurs à
ceux des vignes recouvertes de terre. Le taux de mortalité a été plus élevé dans les
vignobles commerciaux qu'à Frelighsburg pendant les deux hivers (P=0,01). De plus, les
génotypes rustiques tels que 'Sabrevois', 'St. Croix', 'Kay Gray', 'Vandal-Cliche', St.
Pepin', 'Michurinetz' et le génotype semi-rustique 'GR 7' ont été peu touchés par les
hivers froids à Frelighsburg, puisque le taux de survie des bourgeons primaires est
demeuré relativement élevé (taux de mortalité entre 15 et 25 %). Des résultats
antérieurs fondés sur des épreuves au froid faites en laboratoire (Rekika et al., 2003)
corroborent jusqu'à un certain point nos observations. Les résultats que nous avons
obtenus lors d'épreuves de congélation contrôlée, avec les 20 mêmes génotypes,
montrent que les hybrides tels 'Sabrevois', Prairie Star', 'St. Pepin', 'St. Croix' et
'Kay Gray', provenant d'espèces américaines rustiques, et le 'Michurinetz', ayant parmi
ses ancêtres le V. amurensis, ont été les plus rustiques, car chez ces cultivars un
plus grand nombre de bourgeons primaires ont survécu à -30 °C. Les hybrides
franco-américains ont été moins rustiques, puisqu'ils proviennent de croisements avec
le V. vinifera, et le génotype 'Siegerrebe' (un V. vinifera) s'est avéré le plus
sensible (Rekika et al., 2003). Hemstad et Luby (2000) ont évalué 15 génotypes quant à
leur rusticité au Minnesota, après que les vignes eurent été exposées à une
température de 38 °C, et ils ont constaté que les génotypes 'St. Croix', 'Kay Gray' et
'Michurinetz' étaient parmi les plus rustiques, tandis que le 'St.
Pepin' était le moins
rustique. Bordelon et al. (1997b) ont aussi évalué le taux de survie des bourgeons
primaires après que les vignes eurent été soumises à des températures de -32 °C, en
janvier 1994, dans deux localités d'Indiana et six localités d'Ohio. Ces auteurs
considèrent le 'St. Pepin' comme très rustique, le 'Chancellor' comme modérément
rustique et le 'Vidal blanc' comme le plus sensible. Cependant, de grandes différences
ont été observées chez un même génotype cultivé dans des endroits différents.
Encore une fois, nos observations concordent étroitement avec les données déjà
publiées selon lesquelles les différences dans les taux de survie des bourgeons chez un
même cultivar pourraient s'expliquer par les conditions prédisposant les vignes à une
bonne acclimatation ou à une vulnérabilité aux dommages causés par le froid
(emplacement et orientation, santé de la vigne, drainage et fertilité du sol, et surtout
charge de fruits) et par les conditions climatiques précédant l'épisode de froid
destructeur et le moment auquel survient cet épisode, qui prédisposent également les
vignes à une bonne acclimatation ou à une vulnérabilité aux lésions causées par le
froid. En ce qui concerne la composition du jus de fruit, certains génotypes ont produit
des fruits de bonne qualité avec une CSS et une AT bien équilibrées pour la
vinification, à savoir 'Prairie Star', 'GR 7', 'Delisle', 'ES 6 12 28',
'Vandal-Cliche',
'Kay Gray', 'Okanagan Riesling' et 'SV-18-307'. Chez les autres génotypes, la CSS était
moins élevée, et l'AT plus élevée, par rapport aux données déjà publiées (Wolf et
Warren, 2000; Kaps et Odneal, 2001; Plocher et Parke, 2001; Reisch et Luce, 2002), à
cause de la durée restreinte de la saison de croissance et de la récolte prématurée
faite pour éviter les dommages causés par les oiseaux. En fait, certains génotypes
n'ont pas complètement atteint les CSS et AT souhaitées, en raison de la saison
écourtée. Selon Spayd et al. (1989), pour le V. vinifera et les hybrides
franco-américains, le fruit doit être récolté entre 19 et 21 °Brix pour le vin blanc,
et entre 20 et 24 °Brix pour le vin rouge. Ces critères sont semblables dans le cas des
hybrides américains. Autrement dit, les concentrations absolues de sucre et d'acide qui
déterminent la maturité varient selon les génotypes, et le fait que ces concentrations
soient atteintes n'est pas toujours directement relié à la saveur recherchée chez un
cultivar donné (Howell et al., 1998; Plocher et Parke, 2001). Dans le cas du
'Seyval
blanc', par exemple, la teneur en sucre de 19 °Brix n'est pas suffisante pour assurer le
développement complet de la saveur caractéristique de ce génotype. À l'inverse, les
génotypes tels que 'Kay Gray' et 'Vandal-Cliche' produisent d'excellents vins lorsque
leur fruit est récolté avec une faible teneur en sucre, car leur fruit entièrement mûr
présente une saveur indésirable (Plocher et Parke, 2001). En résumé, le choix d'un
terrain approprié avec une pente adéquate, le bon drainage du sol et la présence de
brise-vents ont augmenté le rendement, réduit la mortalité et accru la vigueur et la
productivité des vignes. L'installation d'une toile géotextile comme protection
hivernale s'est révélée plus efficace que le buttage des vignes. Ce matériel est cher,
certes, mais il peut être réutilisé pendant plusieurs années. L'utilisation de toiles
géotextiles et le rabattage des vignes près du sol pourraient constituer une solution
pour augmenter le rendement et réduire la mortalité.

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